Tribune : Construisons l’héritage des Jeux paralympiques en Finistère
17/12/2024
Julien Carmona, Président du Crédit Mutuel Arkéa , a co-signé la tribune publiée à l’initiative du Comité départemental handisport du Finistère et du Comité départemental du sport adapté du Finistère et que nous reproduisons ci-dessous.
Que restera-t-il des Jeux Paralympiques de Paris 2024 ? Après la fête, après la joie, après cet immense élan qui a mis en lumière et célébré la différence, allons-nous repousser dans l’ombre les 12 millions de personnes en situation de handicap physique, sensoriel, psychique ou mental qui vivent en France ? Ensemble, nous pouvons donner un héritage aux Jeux Paralympiques. Et le Finistère est un bon endroit pour le bâtir. Les valeurs de solidarité et d’humanisme qui nous habitent, la richesse de notre tissu associatif, la volonté du département de continuer à en faire une priorité : tout cela doit nous conduire à devenir une terre d’excellence en matière d’inclusion.
Inclusion par le sport, d’abord
Vecteur de lien social et d’épanouissement personnel, le sport peut changer des vies. Les Jeux Paralympiques ont levé les barrières psychologiques. De nombreux jeunes ont découvert des disciplines et des athlètes qui leur ont donné envie de pratiquer ; des parents qui étaient réticents à inscrire leur enfant ont compris que c’était possible. Mais quid des barrières physiques, géographiques, financières qui entravent encore l’accès au sport pour les personnes handicapées ? Il ne faut pas non plus oublier les personnes en situation de handicap mental et psychique, ni les personnes présentant des troubles autistiques, absentes dans une large mesure des Jeux Paralympiques. Le Sport Adapté, qui s’adresse à elles, souffre d’un manque de visibilité et de moyens. En Finistère, le comité Handisport compte plus de 550 licenciés en situation de handicap physique et sensoriel, avec 12 clubs affiliés et plus de 30 clubs partenaires. Le Handisport Brest, premier club de Bretagne, compte à lui seul 250 licenciés. Le Comité Départemental Sport Adapté accompagne plus de 1 300 jeunes et adultes et 40 associations et clubs. Le futur Arkéa Park , qui verra le jour en 2027, accueillera un club multisport Sport Adapté, afin de renforcer encore l’offre sportive pour les jeunes en situation de handicap mental, psychique et présentant des troubles autistiques.
Ces initiatives sont nécessaires, et il convient de les soutenir et de les faire essaimer. Mais cela ne sera pas suffisant. Pour assurer un vrai maillage du territoire, les clubs et les événements sportifs dits « valides » aussi doivent se mobiliser et ouvrir leurs portes aux personnes en situation de handicap. Cela suppose la formation et l’accompagnement de leurs dirigeants et encadrants ; une expertise que les acteurs du Handisport et du Sport Adapté sont prêts à leur apporter. Les exemples montrent que tout se passe pour le mieux, quand la volonté est partagée. Car faire du sport ensemble, c’est finalement la plus belle façon de continuer à lutter contre les préjugés.
Inclusion à travers l’accessibilité universelle, ensuite
Si les personnes handicapées le sont, c’est que l’environnement dans lequel elles évoluent ne tient pas compte de leurs besoins. Comment se sentir citoyen comme les autres, quand on ne peut pas emprunter le même trottoir que ses enfants, accompagner ses amis au restaurant ou à la plage, trouver un emploi qui corresponde à ses compétences ? Trop peu de logements sont adaptés, y compris dans le parc public. Combien de commerces, dans nos centres-villes, sont équipés d’une rampe d’accès ? 20 ans après, la loi pour l'égalité des droits et des chances des personnes handicapées est toujours aussi peu appliquée.
L’inclusion par l’emploi, enfin
Le handicap reste le premier motif de discrimination au travail, et le taux de chômage est deux fois plus élevé que dans la population active. Pourtant, la diversité des profils renforce la performance et la résilience du collectif de travail. Inclure des travailleurs handicapés, c’est aussi une chance pour l’entreprise. Quel que soit son secteur d’activité ou sa taille, chaque entreprise peut s’engager : en participant aux forums des métiers organisés par des associations telles que Cap Emploi 29, en mettant en place des politiques internes d’inclusion, en réservant des marchés aux ESAT … Le handicap nous concerne tous, et nous pouvons tous agir. Pouvoirs publics, professionnels, en mettant en accessibilité l’espace public et les établissements recevant du public, sans tergiverser. Employeurs, en regardant les compétences avant de voir le handicap. Clubs et événements sportifs, en ouvrant grand les portes de nos gymnases, de nos stades. Il est plus que temps ! Les enjeux du handicap doivent dépasser le cercle des personnes sensibilisées pour devenir notre affaire à tous. Faire du Finistère un département inclusif, c’est renforcer notre identité profonde, construire une société dans laquelle nos enfants vivront mieux, innover et inspirer les autres territoires. Un beau projet collectif à construire ensemble !
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