NEWSLETTER #6 | ARKEA ULTIM CHALLENGE - BREST
28/02/2024
Le 28/02/2024
Charles Caudrelier, la marche de l’empereur
En s’imposant en 50 jours 19 heures et 7 minutes, le skipper de 50 ans réalise l’un des plus grands exploits de la course au large. Charles Caudrelier remporte la 1 re édition de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE-Brest qui est longtemps resté un rêve dans l’esprit de quelques marins. Et promet un avenir radieux à la classe comme à la discipline.
L’arrivée de Charles Caudrelier
Ce sont des images qui semblent tout droit sorties d’un rêve. Celles d’un bateau qui progresse à haute vitesse et vole au dessus de l’eau après 50 jours en mer. Celles d’un géant de 32 mètres de long bleu et blanc mené par un seul homme qui file à vive allure, à proximité des côtes bretonnes, sur une mer d’huile et encadré par un somptueux lever de soleil. Les couleurs sont passées de l’orange à l’or dans le ciel brestois ce mardi matin avant de laisser entrevoir un bleu éclatant, comme un air de printemps. C’était donc le décor de l’arrivée majestueuse du maxi Edmond de Rothschild.
Ainsi, Charles Caudrelier s’offre la première course autour du monde en solitaire et en multicoque. Parti le 7 janvier dernier, il aura mis 50 jours 19 heures et 7 minutes. Sa circonvolution est un modèle de constance, d’abnégation, de résistance, de malice aussi. Il y a d’abord eu la descente vertigineuse de l’Atlantique, la bataille au coude-à-coude avec Tom Laperche avant l’abandon de ce dernier. Se retrouvant seul aux commandes, Charles a ensuite cavalé dans les mers du Sud, il s’est offert le record de l’océan Indien en solitaire (8 jours, 8 heures) et à terre, les conjectures allaient bon train. Et s’il parvenait à battre le record que détient François Gabart depuis 2017 (42 jours) ?
« Le bateau ne m’a jamais lâché »
Malheureusement, la météo en a décidé autrement. Charles doit patienter avant de franchir le cap Horn à cause d’une très forte dépression qui balaie la zone. Sa remontée de l’Atlantique Sud est également harassante et une tempête particulièrement forte lui barre la route dans le Golfe de Gascogne. Prudent, il préfère s’arrêter aux Açores pendant près de quatre jours. Il reste ensuite 1200 milles à parcourir, la météo est toujours aussi tonique mais Charles assure, tient bon et peut enfin exulter.
Son arrivée est également l’occasion de révéler qu’il n’a pas été épargné tout au long de son tour du monde. « Le bateau m’a ramené et il ne m’a jamais lâché » a répété Charles Caudrelier. Et pourtant ! Une fissure dans le bras avant du multicoque, un système d’enrouleur cassé, un problème de dessalinisateur, de foil, un plan porteur cassé… Dans de telles conditions, le stress a été constant jusqu’au dénouement.
Charles Caudrelier avait déjà remporté la Solitaire du Figaro, la Transat Jacques Vabre, la Volvo Ocean Race et la Route du Rhum - Destination Guadeloupe. Il y aura désormais à son palmarès un tour du monde en solitaire, lui qui avait rêvé de Vendée Globe. Dans ces premières heures qui ont suivi son arrivée, Charles s’est aussi projeté vers l’avenir avec un objectif : participer à la construction d’un nouveau multicoque, Gitana 18. « Ce sera la première fois que je vivrai le développement et la naissance d’un bateau. C’est une chance inouïe et une perspective géniale ». Avec, au bout de ses envies, l’idée de défendre son titre à la Route du Rhum 2026.
Point sur les autres skippers
Le podium dans la semaine, le classement final dans un mois
Sur les six skippers qui ont pris le départ le 7 janvier dernier, ils sont encore quatre en course. Si Tom Laperche a dû abandonner, tous ont continué leur progression et devraient s’offrir les joies de l’arrivée.
D’ici dimanche prochain, le podium de cette première édition de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE- Brest devrait être connu. Après Charles Caudrelier et sauf avarie de dernière minute, ce devrait être au tour de Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) de franchir la ligne d’arrivée ce jeudi. Le marin, qui a déjà disputé 8 tours du monde, s’apprête donc à en conclure un à nouveau. Celui-là a été tout sauf une partie de plaisir. Victime de la casse de son système de descente de foil tribord dans l’Atlantique Sud, particulièrement secoué dans l’océan Indien, il a ensuite dû observer une escale à Hobart afin de réparer une partie du balcon et du filet de protection situé à l’étrave de la coque centrale. Thomas a profité de la déconvenue d’Armel Le Cléac’h pour prendre la 2 e place et ne plus la quitter.
Derrière Thomas, trois skippers encore en course
Le skipper du Maxi Banque Populaire XI n’a en effet pas été épargné. Premier à avoir effectué une escale à Recife pour réparer son balcon avant, Armel Le Cléac’h a ensuite dû contourner l’anticyclone de Sainte-Hélène par le Sud avant de passer la Nouvelle-Zélande par le Nord (du jamais vu pour un multicoque autour du monde). Lors de la remontée de l’Atlantique, il doit faire face à la casse de son safran bâbord et de son safran central, l’obligeant à une nouvelle escale technique, cette fois-ci à Rio. Grâce à une impressionnante chaîne de solidarité, Armel a pu repartir 48 heures plus tard. Il est attendu ce week end à Brest.
Derrière, Anthony Marchand (Actual Ultim 3) progresse depuis le Pacifique sans ses foils. Le skipper a donc dû se réadapter à naviguer à vitesse réduite, privé du confort de « voler » au- dessus de l’eau. Lui qui a effectué deux arrêts techniques a tenu bon et franchi le cap Horn le 27 février. Il est attendu vers le lundi 11 mars à Brest. Éric Péron (ULTIM ADAGIO) qui ferme la marche devrait arriver quelques jours plus tard. Lui non plus n’a pas été épargné, il a dû s’arrêter à Cape Town mais a pu profiter d’un front qui l’a poussé pendant plusieurs jours dans le Pacifique. L’occasion de revenir sur Anthony Marchand et de se rapprocher de la maison, lui qui rêve comme tous les concurrents de vivre les mêmes joies à l’arrivée que Charles Caudrelier.
Parole de collaborateurs
Ines Chevillotte, la voile au cœur
Consultante interne au service Organisation et Stratégie d’Arkéa Banking Services, Inès cultive son goût pour la voile depuis l’enfance et désormais au sein du groupe. Membre des Équipiers qui vivent et partagent l’aventure de l’équipe Paprec Arkéa avec Yoann Richomme, elle évoque sa passion et son regard admiratif pour ces marins qui s’élancent sur les mers du globe, en Ultim comme en IMOCA.
Ses souvenirs d’enfance l’emmènent toujours vers la côte, au nord de Brest. Là-bas, sur ces roches balayées par les vents et par les courants, porte d’entrée vers le large, elle a appris la voile au gré de ses vacances à Portsall. Inès y a développé son goût pour la mer, y a compris la fragilité des éléments aussi (cette côte avait été souillée par le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978) et y a tiré ses premiers bords. Un parcours classique : « J’ai fait mes gammes en Optimist, en catamaran et en dériveur, puis j’ai fait de la planche à voile, du voilier habitable, de la croisière, des régates étudiantes et d’entreprise… »
« Si j’avais pu en faire mon métier, je l’aurais fait »
Surtout, sur les plans d’eau où elle a débuté, la Bretonne se rappelle : « Depuis toute petite, j’ai appris à naviguer dans ces endroits un peu hostiles et dangereux. On nous à prendre en compte les roches, les courants, les coups de vent ». Derrière
les mots, il y a les souvenirs des « paroles des parents qui prévenaient de ne pas dépasser tel rocher pour ne pas se faire emporter par le courant. Ça oblige à être très concentré », sourit Inès. « Même si quand on est petit, on ne se rend pas compte que l’environnement peut être risqué et imprévisible. » La voile l’a donc accompagnée tout au long de sa jeunesse, de sa vie étudiante puis professionnelle. « L’environnement de la voile est un milieu qui m’attire et qui me passionne ». Elle fait une pause puis ajoute : « si j’avais pu en faire mon métier, je l’aurais fait ». Inès en apprécie les valeurs, l’obligation de « rester humble face à la mer et les éléments, de respecter la nature et l’environnement » et le plaisir de naviguer en équipage. Dans ses rêves les plus fous, il y a la Mini-Transat, cette traversée de l’Atlantique sans moyen de communication à bord de bateaux de 6,50 mètres. « On ne sait jamais, je garde ça dans le coin de ma tête. »
« Il faut avoir un sacré courage »
Passionnée, elle voit donc d’un bon œil l’engagement d’Arkéa au sein de la course au large. « Le groupe est en train de développer sa filière maritime et son soutien à tous les acteurs de la mer, au-delà de la course au large, précise-t-elle. Avec notre siège à Brest et le fait d’être tourné vers l’océan, cela fait sens et c’est une vraie fierté ». Inès a rejoint les équipiers, ce club informel qui apprécie la voile dans le Groupe et qui accompagne le projet de l’équipe Paprec Arkéa, dont l’objectif est la
participation au Vendée Globe 2024. « J’ai pu suivre la Route du Rhum de Yoann Richomme en 2022, assister au baptême de l’IMOCA que j’ai eu le privilège de visiter ! »
Elle était également de la partie au départ de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE-Brest où elle faisait visiter la maquette du cockpit de l’IMOCA aux visiteurs. « Le fait d’avoir entendu Yoann Richomme m’en parler permet de bien restituer aux gens les choix qu’il a faits en matière d'aménagement, d’optimisation et de recherche performance ». D’autant plus que la voileuse regarde avec admiration ces marins qui traversent les mers du globe. « Il faut avoir un sacré courage et une bonne dose d’abnégation pour se retrouver au milieu de l’océan à bord de ces immenses machines. Les imaginer naviguer seuls dans les 40 es rugissants, résister aux tempêtes… Ils forcent tous le respect ! »
Ils sont accompagnés par Arkéa
Pôle Mer Bretagne Atlantique, l’accélérateur de l’innovation maritime et de l’économie bleue
À chaque newsletter, découverte d’une entreprise ou d’une structure en lien avec Arkéa. Pour cette édition, place au Pôle Mer Bretagne Atlantique, un pôle de compétitivité dédié à l’économie maritime qui fédère les entreprises et les acteurs de la recherche et renforce les synergies. Une structure particulièrement intéressée par la course au large, moteur par les innovations technologiques que la discipline développe.
Le Pôle Mer est donc un pôle de compétitivité. Son cœur de métier ? « Emmener, encourager et accompagner les entreprises et les acteurs de la recherche vers les thématiques d’innovations et d’avenir », explique Frédéric Renaudeau, conseiller Défense, Stratégie et Fonds marins pour le Pôle Mer.
« Nous croyons beaucoup au marché des bateaux volants »
Le Pôle Mer Bretagne Atlantique, qui rayonne dans tout le grand Ouest, réunit environ 450 adhérents. « Il s’agit d’entreprises, de PME, d’ETI (entreprises de taille intermédiaire), de groupes industriels, d’acteurs de la recherche et de la formation ainsi que d’organisations professionnelles », précise Frédéric. Soutenu par les régions Bretagne et Pays de la Loire, le Pôle Mer vise à « identifier les technologies d’avenir et les partager avec ceux qui portent ces sujets au sein des entreprises et des laboratoires ». Toutes les thématiques qui ont trait au maritime sont ciblées : la sécurité des biens et des personnes, la sûreté, la défense, la construction navale, la maintenance, la logistique, l’utilisation des ressources énergétiques et minérales, la pêche et l’aquaculture ou encore l’environnement.
Le Pôle Mer est ainsi un acteur déterminant dans l’accompagnement et la fédération des innovations et des mutations du secteur. Il était d’ailleurs impliqué au village de l’ARKEA ULTIM CHALLENGE-Brest où ses représentants ont animé des tables rondes. La course au large est en effet suivie de près par le Pôle Mer et pour cause : « c’est un puissant moteur d’innovation, très exigeant et à la pointe de l’innovation ». Dans le viseur du Pôle Mer, il y a notamment les fameux plans porteurs hydrodynamiques, les foils, qui sustentent la coque centrale et qui permettent de gagner en performance. « Nous croyons beaucoup au marché des bateaux volants parce qu’ils sont plus rapides, plus confortables et plus économes en énergie aussi », précise Frédéric Renaudeau.
« À nos côtés, Arkéa a une place privilégiée »
Par ailleurs, tous regardent avec attention les progrès de l’industrie du transport maritime en matière de propulsion à la voile. « C’est essentiel dans le but de contribuer à la décarbonation de ce mode de transport. En matière de propulsion vélique, on a beaucoup à s’inspirer des avancées de la course au large ». Le Pôle Mer s’intéresse aussi à la détection des Ofnis (objets flottants non identifiés). « Il y a des technologies à développer en lien avec l’intelligence artificielle. Cela permet également de réfléchir au phénomène de dronisation de l’espace maritime : la détection fiable d’objets flottants est déterminante pour contribuer à l’émergence des bateaux autonomes. »
La course au large intéresse aussi dans sa capacité à veiller à la résistance des structures des bateaux. Avec de nombreux capteurs, les équipes essaient d’anticiper au maximum leur usure et leur dégradation. « Cela permet de faire de la maintenance prédictive et ça peut être adaptable sur d’autres bateaux. » L’ensemble de ces réflexions trouvent forcément écho à l’engagement d’Arkéa qui continue de développer sa filière maritime. Seule banque dont le siège social est basé sur le littoral, elle cultive ses liens avec l’ensemble du secteur. « Au sein du club de partenaires du Pôle Mer et, plus largement de l’écosystème que l’on fédère, Arkéa a une place privilégiée. C’est un de nos acteurs majeurs à la fois pour le financement, le développement et l’attractivité de la filière. »
LA NAISSANCE D'UNE LÉGENDE - Épisode 5
Et vous, ces dernières semaines : êtes-vous accro à la carto comme les collaborateurs du Credit Mutuel Arkéa ? 🌍🌐👀 .
Que vous soyez aficionados de voile ou non, nos 6 aventuriers ont su vous embarquer autour du monde pour braver les océans à leurs côtés. Cet engouement, on est fier d'y contribuer !
Gastronomie : la carte des menus à bord
Ces derniers jours, la question revenait avec insistance chez les suiveurs. Et si les skippers manquaient de nourriture ? « J’avoue que je me rationne un peu », disait Charles Caudrelier avant son escale technique. « Je n’ai pas touché aux féculents, pâtes, riz, semoule », précise Thomas Coville. « Il me reste des oranges », savoure Éric Péron. Anthony Marchand, lui, reconnaît qu’« on mange d’abord ce qu’on aime le plus ». Et en la matière, les skippers ont tous la même idée en tête que Charles résume : « bien dormir et bien manger, c’est la base pour tenir sur le long terme ». Alors personne n’a lésiné sur ses stocks de nourriture, tout en embarquant quelques plaisirs culinaires. Charles craque pour la lotte au Kari Gosse (un mélange d’épices d’inspiration indienne) et les pâtes au jambon avec de la truffe. Thomas savoure fromages (Comté, Mimolette, Tomme de Savoie), charcuterie (jambon Serrano, coppa, viande des grisons) et assortiments de chocolats. Chez Armel, on retrouve de la blanquette de veau, brandade de cabillaud, parmentier de canard mais aussi de la Scamorza, un fromage italien à pâte filée. Anthony Marchand s’est fourni dans une ferme du Morbihan, lui qui a aussi un faible pour les bonbons et la pâte à tartiner. Éric Péron, de son côté à un faible pour un plat simple qu’il adore : « les pâtes à l’huile d’olive ».
Le dictionnaire du marin
1 - Balancine : cordage partant du haut du mât qui permet de soutenir et de régler la hauteur des espars.
2 - Louvoyer : action de virer successivement de bord du près au près dans le but de remonter au vent.
3 - Winch : treuil permettant de tirer avec force sur un bout.