NEWSLETTER #7 | ARKEA ULTIM CHALLENGE - BREST
16/04/2024
Le 16/04/2024
Le retour à la réalité
Après l’effervescence de l’arrivée, la furia des premiers jours à terre, il a fallu gérer la fatigue, retrouver ses marques, prendre le temps de se réhabituer à tout. Et parce que ces marins-là sont sportifs et compétiteurs, rapidement retrouver un nouveau challenge pour envisager la suite avec détermination.
Le retour à la réalité
Un environnement sans bruit et sans mouvement. Sans appendice qui siffle, sans vent qui claque, sans clapot, sans vague, sans alarme qui sonne, sans penser constamment à son bateau. Se réveiller sans avoir à s’inquiéter sur les manœuvres à faire ou les choix à opérer. Ainsi donc, les marins de l’ARKÉA ULTIM CHALLENGE-Brest ont dû se réadapter à la terre. Charles Caudrelier a eu la chance de bénéficier d’un peu plus de 72 heures aux Açores pour prendre des douches, récupérer un peu de sommeil et de forces avant d’en terminer. Après son arrivée et une « tournée média » à Paris, le skipper est parti en famille, en Guadeloupe, pour recharger les batteries, avec ses enfants. « L’idée des vacances, c’est d’aller sur l’eau. La mer me manque vite quand j’en suis loin. »
« L’impression d’avoir un pied sur terre, un autre en mer »
Armel Le Cléac’h, lui, est parti au ski, dans les Alpes et en famille pour recharger les batteries… Dès le lendemain de son arrivée. « J’ai attendu un peu avant d’aller sur les pistes, j’avais beaucoup de sommeil à rattraper », confie-t-il. C’est chez lui que Thomas Coville à passer les jours qui ont suivi son arrivée. « Les premiers jours, tu as encore l’impression d’avoir un pied sur terre et encore un pied en mer, assure-t-il. On s’attache à récupérer tout doucement en profitant des proches. »
Parce qu’ils sont tous compétiteurs, ces marins ont besoin de se fixer de nouveaux challenges, d’avoir un regard sur la suite. Chez SVR-Lazartigue, le bateau est arrivé mercredi 20 mars au chantier à l’issue d’un long convoyage, ce qui va permettre à toute l’équipe de débuter les réparations. Charles Caudrelier, lui, expliquait « avoir hâte de reprendre sa routine ». Avec son équipe, ils vont s’atteler à la construction de leur nouvel Ultim. Dans les autres équipes, on sort les bateaux et on entame une phase de chantier, même si l’horizon des prochaines courses est lointain avec deux rendez-vous à la rentrée et la perspective du Trophée Jules Verne pour plusieurs teams.
Du côté de chez Banque Populaire, on s’active avec un peu plus d’entrain. Le multicoque bleu et blanc va en effet transporter la Flamme Olympique en juin prochain de la métropole aux Antilles. Armel Le Cléac’h prendra place à bord avec des personnalités pour cette aventure singulière. Clin d’œil de l’histoire, c’est depuis Brest que le Maxi Banque Populaire XI s’élancera, là même où tous les regards étaient tournés à l’issue de l’ARKÉA ULTIM CHALLENGE-Brest.
Une première et des promesses
Ce défi unique, jamais réalisé jusque-là, s’est achevé le 13 mars dernier avec l’arrivée d’Éric Péron. Pour la première fois de l’histoire, des skippers se sont mesurés en solitaire et en multicoque autour du monde. De quoi créer un précédent et envisager l’avenir avec enthousiasme.
En l’espace de 15 jours, du 27 février au 13 mars, l’issue de l’ARKÉA ULTIM CHALLENGE-Brest était connue. Dans ce laps de temps, ils sont cinq à avoir franchi la ligne d’arrivée, du grand vainqueur Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) à Éric Péron (ULTIM ADAGIO, 5e). Les images des arrivées majestueuses au petit matin pour Charles Caudrelier, dans l’après-midi pour Thomas Coville (2e), Anthony Marchand (4e) et Éric Péron (5e), en soirée pour Armel Le Cléac’h (3e) ont marqué les esprits parce qu’elles rappellent à elles seules le défi immense que ces hommes viennent de réaliser.
Personne n’avait encore disputé une course en solitaire et en multicoque autour du monde. Il est donc encore possible d’écrire l’histoire de la course au large, d’être défricheur, d’aller un peu plus loin que ce qui existe déjà. L’engagement de partenaires – Arkéa au premier titre –, de collectivités locales et d’un organisateur mobilisé a contribué à ce que ce rêve souvent évoqué sur les pontons devienne enfin réalité.
L’incroyable bataille des premiers jours
Au moment du départ, même les marins restaient circonspects sur la capacité à aller au bout, sur les zones d’ombre dans l’engagement nécessaire. Pourtant, ils ont fait un peu mieux que tenir. Même s’ils se sont tous arrêtés – le règlement autorisait des arrêts de 24 heures minimum –, cinq des six concurrents sont allés au bout, ce qui démontre la fiabilité et la solidité de ces bateaux. D’ailleurs, l’unique abandon – Tom Laperche (SVR Lazartigue) n’est pas lié à un problème de structure ou de fiabilité mais à un choc avec un Ofni.
Par ailleurs, les skippers Ultim ont démontré une capacité incroyable à se tenir tête. Eux qui ont tous fait leur gamme en Figaro ont semblé donné le même engagement, la même intensité notamment en début de course. Observateurs avisés et spectateurs ont tous été subjugués par les premiers jours de course, par la capacité de chacun à se tirer la bourre à des allures défiant l’entendement. Disputée entre bateaux volants, cette bagarre s’est ensuite focalisée sur un duel Tom Laperche-Charles Caudrelier dans l’Atlantique Sud qui se sont rendus coup sur coup jusqu’à la mésaventure du jeune skipper.
Les capacités de vitesse de ces bateaux ont rapidement creusé des écarts particulièrement conséquents. Après avoir battu le record de l’océan Indien, Charles Caudrelier a un temps flirté avec le record du tour du monde détenu par François Gabart (42 jours, 16 heures) avant que les conditions météos n’en décident autrement. Il n’empêche, cette première édition laisse entrevoir de sacrées perspectives pour la suite. Les équipes vont continuer à développer et fiabiliser ces bateaux. Il y en aura un de plus puisque Gitana a annoncé la construction d’un nouveau bateau pour 2028. L’histoire est donc en marche et un nouvel épisode est prévu dans quatre ans.
WEB-SERIE : La naissance d'une légende - Épisode 6
Gérer la solitude pendant des mois
Partir seul sur l’océan pendant dix semaines, cela change forcément un skipper. Thomas Coville a une formule pour le résumer : « maintenant, tu sais que je sais que tu sais », manière de dire que seuls ceux qui ont enduré un tour du monde peuvent vraiment comprendre l’impact que cela peut avoir. Certes, la course de Charles Caudrelier a presque été un trompe-l’œil : en pouvant gérer son avance pendant une grande partie de la course, il s’est peu « mis dans le rouge » hormis dans une délicate remontée de l’Atlantique Sud. Les galères des uns et des autres qui obligent à puiser dans leurs retranchements et ça finit par avoir un impact sur les nerfs, l’état de fatigue et la solitude se fait parfois sentir. « Quand c’est dur, tu n’as qu’une hâte c’est que ça s’arrête, revoir tes proches et être au calme », confie Armel Le Cléac’h. Pourtant, tous ont fait preuve d’une sacrée abnégation, malgré les coups durs, les escales et le stress de ne pas avoir pu aller au bout. Leur expérience dans d’autres courses, sur d’autres supports a été particulièrement précieuse pour résister dans les mauvais moments. Le fait d’être en contact permanent avec les équipes de routage a été inestinable, aussi, afin de ne pas souffrir trop de la solitude. « Sentir ce soutien, toujours, ça donne l’impression de n’être jamais vraiment seul », confiait ainsi Charles Caudrelier à son arrivée.
Le dictionnaire du marin
1 - Bourlinguer : se dit d'un bateau qui lutte dans une forte mer et d'un marin qui navigue beaucoup.
2 - Fardage : désigne la prise au vent d'un bateau ou d'un navire
3 - Safran : surface du gouvernail sur laquelle s'exerce la pression de l'eau
Merci de nous avoir suivi !
Un début d’année sous le signe des géants. Des semaines à s’attacher à suivre la ‘carto’, à regarder les fichiers météos, à se passionner pour ce feuilleton de sport et d’aventure. Les passionnés de course au large ont retrouvé la fièvre des grandes courses, l’excitation des départs, les projections inévitables, les scénarios à établir. L’ARKÉA ULTIM CHALLENGE-Brest a plongé la discipline dans une nouvelle dimension en affirmant haut et fort qu’il était possible de traverser le globe en solitaire et en multicoque. On s’est donc habitué à un tour du monde « avalé » en une cinquantaine de jours, à des bateaux qui progressent à près de 700 milles certains jours et qui passent d’un système météo à un autre à une vitesse folle. À travers cette newsletter, nous avons tenu à vous faire vivre cette aventure, à vous rapprocher de ceux qui la font, à découvrir quelques-uns des collaborateurs d’Arkéa qui, eux aussi, vivent la passion du nautisme ou du sport. Une façon de promouvoir une certaine idée du dépassement de soi et du bien-être, en mer comme à terre.